Deux théories
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D'après moi, les deux petits vieux n'ont aucun lien filiaux avec Betty, pas de réelle fonction narrative non plus.
D'après ce que j'ai compris du film, leur fonction est essentiellement symbolique. Lors de la scène de l'aéroport,
ils symboliseraient selon moi l'espoir du rêve américain, la croyance béate d'une réussite facile à mettre en
parallèle avec l'espoir de Betty de réussir à Hollywood en devenant une grande actrice. D'autre part, ils font tout
deux peser sur Betty le poids de leurs espérances : Betty doit réussir, on attend de la voir sur les écrans dans
un grand rôle etc... Ainsi, dans la scène de l'aéroport, le couple de petits vieux symbolise-t-il la possibilité de
la réalisation d'un rêve et l'impératif de bonheur qu'il pose à Betty.
Ensuite vient le temps de la désillusion, de la réalité plus désagréable et désenchantée que ne l'étaient les
fantasmes hallucinés de Betty.
En effet, lorsque Betty avant de se suicider parcours le couloir en hurlant à s'en déchirer les tripes, les deux
petits vieux réapparaissent comme un mirage, arborant les mêmes visages extatiques, heureux à outrance...
Alors que dans le même temps, Betty mesure l'ampleur de sa perte, de son échec. Elle n'a pas réussi à réaliser
son rêve, sa vie est un désastre. Tout l'abandonne excepté le souvenir récurrent et toxique de son beau et naif
rêve de bonheur et de gloire, incarné par le couple de petits vieux. D'une certaine manière, le couple symbolise
les vieux démons qui la hantent, le rappel sournois de son échec.
on pourrait dire qu'ils figurent le paradis perdu de Betty, lequel paradis n'a jamais exister ailleurs que dans
l'irréalité de ses fantasmes. Or on sait à quel point de "bons souvenirs" peuvent devenir intenables et destructeurs
lorsque le présent semble bouché et sans avenir.
Mais bon, c'est assez perso comme interprétation sans doute que d'autres pistes restent possibles !
J'aurai encore bcp à dire au sujet des petits vieux et aussi du clochard mais je me suis forcée à rester relativement
évasive...
Céline Raux
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Tout d'abord la narration du film ne s'inscrit pas dans un schéma unique. Il y a deux point de vue mêlés, vécu par une deux personnes unie par la schizophrénie. Tous les souvenirs du personnage principal, Camilla, subissent une interprétation, tantôt de ce que Diane a vécu, tantôt de ce qu'elle a vécu dans le passé, tantôt dans ce qu'elle vit dans le présent pour reconstituer sa mémoire. Il y a donc dans la linéarité du film, passé et présent qui se mêlent. La narration est du point de vue de Camilla. Le film est raconté dans la peau de Camilla et dans la peau de Diane par alternance. La scène du début est importante, à l'instar de celle de Kieslowski dans "Tu n'honoreras qu'un seul dieu" du Décalogue 1, que l'on retrouveras à la fin du film. Procédé elliptique pour signifier l'issue du film et ainsi prévenir le spectateur du véritable dénouement. C'est la clef de ce film noir, signifiant à peu de chose près que la victime est Diane/Betty tout autant que Rita/Camilla l'amnésique . La voisine et amie de Coco le rappellera au spectateur. On la retrouvera également en fondu à la fin du film juste avant la scène de joie servant d'ellipse et après la scène de mort sur le lit disparaissant dans des volutes de fumée. La clef est donc donnée dès le début du film et rappelée à la fin pour clôturer l'histoire. Voilà comment se déroule l'histoire : Camilla se rend chez son futur mari, le réalisateur Adam, une nuit en voiture. Mais ses chauffeurs sont des tueurs engagés par Diane. Cette dernière souhaite se venger. Pourquoi cette vengeance ? Lors d'une visite aux studios (probablement proposé par Camilla), comme on a pu le voir, Adam le réalisateur est tombé sous le charme de Diane. On ne sait pas ce qu'il s'est passé par la suite mais ils ont probablement entamé une relation ou des rapports de séduction. C'est aux mêmes studios que Camilla la vamp travaille. Cette dernière a probablement séduit le réalisateur. A obtenu un rôle probablement destiné à Diane. Bref, manipulations, jeux de séduction et pouvoir. Naïve, la jeune Diane s'est faite manipulée par les sentiments. On le découvre dans le dernier tiers du film. C'est la dure loi des milieux de la communication et du cinéma (un bon exemple dans le film "swmming with sharks" de Robert Altman me semble-t-il). A bout, Diane a donc engagé un tueur (que l'on retrouve plusieurs fois dans le film) pour assassiner sa rivale. Camilla échappe au meurtre grâce à l'accident de voiture sur Mulholland Drive. Elle a reçu une commotion cérébrale importante et ne se souviens plus de son passé. Tout le film va être basé sur la reconstruction d'une partie de ce passé au travers de sa relation avec Diane. Elle rentre donc chez elle et ouvre son sac. Mais elle a confondue son sac avec la trousse contenant le paiement des tueurs. Elle y trouve au fond une clef bleue, égarée par mégarde (ou volontaire telle une signature évoquant son auteur et les bons moments du par Diane. Elle vérifie cette clef bleue avec la boite que Diane avait trouvé dans son sac lorsque naguère elles sont allés toutes les deux au théâtre. Elle vérifie si la clef correspond bien a la serrure de la boite. C'est le cas. Elle comprend donc en ouvrant la boite que les tueurs étaient engagés par Diane. Elle essaie de se remémorer lesfaits non sans "difficultés" et amalgames. Les faits que Camilla tente de se remémorer : Diane débarque à Los Angeles. Lynch insiste bien sur sa candeur. Candeur et naïveté qui lui seront fatales. Elle se rend chez sa tante Camilla et la trouve sous la douche. Elle reste quelques jours chez sa tante mais cette dernière ne désirant pas l'héberger trop longtemps (à moi que ce ne soit un la mise en garde de Coco qui soit pour quelque chose) lui conseille de se trouver un logement. Diane reste suffisamment pour rencontrer une voisine qui lui prédit un grand malheur. Mais également pour nouer une relation amoureuse avec Camilla sa tante, que cette dernière vivra plutôt comme des relations sexuelles. Camilla dans son délire amnésique mêle passé et présent. Elle délire au point de croire que Diane est parfois à ses côté à l'aider dans sa recherche de la mémoire. On devine alors que leurs liens étaient très forts. C'est sa conscience personnifiée en Diane qui la guide. On retrouve là la schizophrénie chère à Lynch, qu'il a maintes fois usée dans ses films et feuilletons, notamment dans Lost Highway. Lynch part du point de vue que l'amnésie gomme toutes les notions de bien et de mal. On a donc affaire à une Camilla innocente, dénuée de principes et de comportements que l'expérience de la vie impose insidieusement. Elle est donc innocente et candide. Elle reconstruit sa personnalité à travers ses souvenirs de Diane. C'est donc au travers de Diane que sa conscience va s'exprimer. C'est par là que s'explique sa schizophrénie. On retrouve un exemple de délire hallucinatoire et schizophrénique lorsqu'elle ouvre la boite bleue comme jadis l'avait fait Diane chez elle. Mais Diane a disparue d'un seul coup comme dans un éclair de lucidité. Elle se rend chez Diane pour avoir des explications (sa conscience personnifiée en Diane la guide). Elle y rencontre la police qui fait le gué (la police a découvert le corps de Diane). Elle frappe à la porte (Diane càd la conscience personnifiée de Camilla frappe à la porte). C'est fermé. Elle se faufile par la fenêtre à l'intérieur de l'appartement pour y découvrir Diane qui s'est suicidée de douleur et de folie. Pour en arriver à cette scène que l'on retrouve également à la fin du film, Lynch raconte deux histoires mêlée en permanence : histoire passée de Camilla et Diane et histoire présente de Camilla, principalement sous l'interprétation de cette dernière qui se reconstruit un passé mais aussi une personnalité. Les scènes qui ponctuent le film sont donc dans un désordre, comme des pièces de puzzle à remettre en ordre. Une narration linéaire dans un chaos de scènes (souvenirs de Camilla, histoire de Diane). A travers le parcours de Camilla pour recouvrer la mémoire on découvre donc la destinée de cette pauvre Diane, apprenti-actrice, qui s'est faites vampée et manipulée. Camilla découvrira au travers de sa conscience (personnifiée par Diane) sa personnalité et sa vraie nature (scène de déclaration de mariage, scène d'amour sur le canapé, baisé sur un tournage...). Elle va donc devoir vivre avec la conscience de Diane dans sa peau de mauvaise femme en assumant non sans mal ce qu'elle a été. Camilla s'en va de l'appartement de Diane en hurlant.En voyant le cadavre elle a cru se reconnaître. C'est un film très noir comme sait en faire David Lynch. -- Graphistecom